Une ville durable ? D’emblée, on pense à quelque métropole du Nord de l’Europe. Et pourtant : c’est Lisbonne qui a décroché le titre de Capitale verte européenne 2020. Une consécration pour cette smart city qui se développe notamment comme ville laboratoire dans le cadre du programme européen Sharing Cities.
Quelle ville peut se targuer d’avoir fait chuter de 50% ses émissions de CO2 (2002-2014) et réduit, entre 2007 à 2013, sa consommation d'énergie et d’eau respectivement de 23% et 17% ? La réponse est Lisbonne. La capitale du Portugal (550.000 habitants, auxquels s’ajoutent quelque 400.000 navetteurs quotidiens) n’est pas seulement une destination-phare des citytrips en Europe. Elle s’est également hissée dans le peloton de tête des smart cities.
Un plan stratégique,
Programa Operacional Regional de Lisboa 2020, a été mis en place par la métropole riveraine du Tage. Il vise à déployer un écosystème innovant à large échelle. Assorti de l’engagement à investir quelque 307 millions d’euros dans des projets concrets, il poursuit trois objectifs :
- davantage de personnes : Lisbonne veut accroitre sa population par la promotion du logement et d’initiatives de ville intelligente en lien avec la vie quotidienne et le vieillissement ;
- davantage d’emplois : la ville veut stimuler l’économie locale en développant le capital humain, l’innovation et l’économie de la connaissance et en explorant les possibilités d’un usage durable des ressources ;
- une ville meilleure, centrée sur le citoyen, par l’amélioration de la qualité de la vie en ville, de l’efficacité énergétique, de la mobilité mais aussi de la cohésion sociale et de l’inclusion, via des programmes de participation citoyenne, de rénovation des bâtiments et des quartiers en mauvais état, d’optimisation et d’interconnexion des systèmes et services urbains.
Ces objectifs doivent, entre autres, permettre à la ville de réduire de 50% le flux de véhicules qui pénètrent chaque jour sur son territoire. L’environnement et le climat constituent en effet un axe majeur de la stratégie lisboète. Dès 2015, Lisbonne a été la première capitale à adhérer à la
Convention des maires pour le climat et l’énergie, en adoptant une approche intégrée pour atténuer et s'adapter au changement climatique.
Pour engranger rapidement des résultats concrets dans sa stratégie, Lisbonne a rejoint le réseau européen
Sharing Cities, aux côtés d’autres smart cities réputées telle que Londres et Bordeaux. Le centre-ville lisboète a été transformé en quartier laboratoire pour tester de nouvelles approches et technologies.
D’un superficie de dix kilomètres carrés et comptant 100.000 habitants, le quartier comprend les principaux rues historiques et touristiques de Lisbonne. C’est donc au cœur même de la ville que Lisbonne a choisi de déployer des solutions et projets innovants. Ceux-ci se focalisent sur trois domaines :
- la mobilité : création d’une low emission zone, attention à la qualité de l’air, adoption de véhicules électriques et renforcement des transports en commun ;
- gestion par les données et Internet des Objets : installation d’un réseau de capteur et d’une plateforme de surveillance des données récoltées ;
- réhabilitation de bâti : incitants à la rénovation, amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments.
En pratique, 540 bornes de recharge pour véhicules électriques et 64.000 lampadaires intelligents équipent les rues du quartier laboratoire. La municipalité a ouvert 63 jeux de données en Open Data. Un système de gestion durable de l’énergie (Sustainable Energy Management System - SEMS) a été mis en place pour intégrer et optimiser les flux d’énergie (notamment en équilibrant offre et demande) tandis que Lisbonne encourage la transition vers les énergies renouvelables, dont le solaire, en adaptant par exemple les codes d’urbanisme.
Enfin, dans un climat économique morose suite à la crise financière de 2008 et son impact sur les dettes publiques, Lisbonne a choisi, à l’instar du Portugal tout entier, de se tourner radicalement vers l’innovation en favorisant l’entrepreneuriat. Les résultats n’ont pas tardé et la « ville aux 7 collines » a décroché en 2015 le titre de
« Région européenne entreprenante ». Sa nomination comme Capitale verte européenne pour 2020 est une nouvelle confirmation du renouveau lisboète.