Lors des élection en octobre 2018, puis mai 2019, les Bruxellois ont donné un signal clair quant à leurs priorités et on a assisté à une « déferlante verte » aussi bien dans les autorités communales que régionales : le changement climatique arrive enfin en tête de liste des agendas politiques.
Écrit par Céline Vanderborght, Smart City Manager pour la Région bruxelloise
Dans sa
Déclaration de Politique Régionale (DPR) la Région de Bruxelles-Capitale fait de l’écologie un axe fondamentale de sa législature avec l’intitulé suivant :
« une Région qui inscrit son développement économique et social dans une transition environnementale de référence à l’horizon 2050 » (DPR). La Smart City s’octroie également une belle part dans cette déclaration et fait l’objet d’un
chapitre complet.
Comment va-t-on lier cet impératif de transition environnementale et ces ambitions Smart City ? Le premier point est le focus très clair sur l’intelligence artificielle et la politique open data.
Pour les territoires, l’intelligence artificielle et les data doivent permettre :
- De sélectionner les projets les plus adéquats c’est-à-dire ici en phase avec nos objectifs de transition environnementale ;
- De monitorer et d’améliorer de manière permanente les projets existants et les politiques mises en place avec les mêmes objectifs en tête ;
- D’innover et de proposer de nouvelles solutions ;
L’objectif du Gouvernement est de «
soutenir l’intelligence artificielle au service de la transition écologique de l’économie (ex. meilleure gestion de la mobilité, efficience dans les transports, prévision des pics de pollution, etc.) » De manière concomitante, le Gouvernement «
soutiendra une politique d’ « open data » des données publiques en vue de développer des solutions pour la société (e-santé, mobilité, administration, etc.) » (DPR)
Concernant les données, la Région, au travers sa stratégie Smart City, a jeté les bases d’une politique ambitieuse, transversale et coordonnée qui
repose sur 3 mesures :
1. Connaitre ses données
Construire et maintenir une cartographie de l’ensemble des données générées par les infrastructures et les utilisateurs en Région de Bruxelles-Capitale.
La mise en œuvre de cette cartographie doit nous permettre, entre autres choses, d’établir une gouvernance des données à l’échelle de la Région et de respecter le principe «
Only Once » qui interdit aux administrations de redemander des informations d’identification qui ont déjà été fournies par le citoyen ou une entreprises à une autre administration.
- Pour mettre en œuvre cette première mesure, Bruxelles peut s’appuyer sur Fidus l’intégrateur de services, le site www.datastore.brussels, le réseau des Data Officers, le nouveau service « Data » du CIRB.
2. Offrir une plate-forme unique rassemblant les données et projets
Étant donné la multiplicité des initiatives identifiées, la mise à disposition d’une plateforme unique permettant le partage et l’exploitation des données disponibles ainsi que des applications et services existants avec toutes les parties prenantes intéressées, publiques et privées, s’impose comme une évidence. Et pour faciliter la réutilisation des solutions, il faut promouvoir, dans les marchés publics, la publication des applications et des données sous licence Open Source.
La nécessité de cette plateforme est également reprise dans la déclaration gouvernementale : «
En vue d’améliorer la qualité, la performance et l’interactivité des services publics, le Gouvernement développera une plate-forme publique pour accueillir l’ensemble des applications ayant trait à la smart city, tant d’initiatives publiques que citoyennes, et augmenter les possibilités d’interopérabilité́ et d’échange de données au bénéfice de la ville et de ses habitants. »
(DPR)
- A terme, le but est de rassembler en un seul endroit le contenu des plateformes actuelles Open Data, IoT et API Gateway. Il est tout à fait envisageable d’étendre le périmètre de cette future plateforme pour permettre la publication des projets citoyens et du secteurs privés. Pour se faire, Bruxelles peut s’appuyer sur l’existence du Smart City Office et du site www.smartcity.brussels.
3. Développer un réseau de type Smart Grid
La connectivité est indispensable tant pour transmettre les données récoltées vers les applications qui les exploitent que pour délivrer les services et informations aux utilisateurs finaux. Le déploiement dans un futur proche de la 5G qui se fera «
dans le respect du principe de précaution et après évaluation sur le plan environnemental, de la santé publique, de l'efficacité économique, de la sécurité des données et de respect de la vie privée » (DPR) va favoriser l’émergence de services consommant de grandes quantités de données et la mise en œuvre progressive de réseaux intelligents (smart grid) utilisés notamment pour optimiser la fourniture d’électricité aux consommateurs via une communication numérique bidirectionnelle.
- La Région de Bruxelles-Capitale possède son propre réseau de fibre optique (IRISnet), ce qui la dote d’un avantage considérable et représente un levier important pour l’implémentation de solutions « smart » telles que l’optimisation de l’utilisation des bâtiments et l’amélioration de la mobilité.
Je voudrais conclure en mettant en avant un point supplémentaire qui font le lien entre Smart City et transition écologique : le « green IT ».
En effet, la dimension, aujourd’hui toujours négligée, de la gestion durable des nouvelles technologies qui sont elles-mêmes de grandes consommatrices d’énergie, va occuper le devant de la scène dans les années à venir : métaux rares dans nos appareils, utilisation de bande passante, prolifération des images vidéo, concept de sobriété numérique et utilisation accrue de « low tech ».