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Le Smart Parking au centre du 8ème Smart Lunch !

25 Novembre 2021

La gestion du stationnement est une brique centrale de toute politique de mobilité qui, de surcroît, connaît, depuis quelques années, de profondes évolutions : digitalisation des processus de paiement, utilisation de nouvelles technologies innovantes pour le contrôle et la mise en œuvre de services de parkings partagés, pour n’en citer que quelques-unes. Ces mutations, d’ailleurs très visibles en Région de Bruxelles-Capitale, sont synthétisés sous le vocable de « Smart Parking ». Le Smart City Office de la Région bruxelloise se devait d’aborder cette thématique lors d’un Smart Lunch, les rendez-vous qu’il organise pour sensibiliser, inspirer et inviter les élus et employés des pouvoirs locaux bruxellois à rendre leur organisation plus "smart" !

La Région de Bruxelles-Capitale qui, dans sa démarche « Smart City » utilise des solutions intelligentes basées sur les données afin d’améliorer la qualité de vie de ses citoyens et de ses entreprises, en impliquant des acteurs de la quadruple hélice (administrations, citoyens, secteur privé, monde académique), établit plusieurs constats.

Tout d’abord, une politique de stationnement plus efficace améliore sensiblement la qualité de vie des citoyens. Elle vise à libérer l’espace en voirie au profit des autres modes de transport et à encourager les alternatives à la voiture individuelle. Cette amélioration de la mobilité des quartiers nécessite de contrôler le respect des règles, d’introduire plus de rotation des véhicules et d’ainsi permettre à tous les usagers de trouver plus facilement une place. Les technologies récentes font en outre grimper de manière spectaculaire les contrôles grâce aux « scan cars » et offrent une dématérialisation complète du ticket. L’intégration de toutes ces nouvelles technologies dans l’espace urbain a été traité, ce 9 novembre, par le premier intervenant du Smart Lunch #8, Alain Horvath, Attaché Innovation chez Parking.brussels.

Par ailleurs, grâce aux plateformes de données et aux smartphones, il est dorénavant possible de partager des places de stationnement de manière très fluide ; des solutions qu’on pourrait qualifier d’« AirBnB du stationnement ». L’entreprise BePark, par l’intermédiaire de Laurent Lange, a présenté en détail son offre de services ainsi que trois projets de partage d’espace de stationnement menés en collaboration avec le secteur public en Région bruxelloise.

Enfin, la Région constate la nécessité de collaborer avec de multiples partenaires. Outre les acteurs du parking classique (Région, commune et opérateur de parking privé), d’autres acteurs entrent dans la danse. Les communes bruxelloises se retrouvent dans un rôle de chef d’orchestre de cette politique de stationnement et sont tenus d’organiser l’offre de ces multiples parties prenantes. Pour en parler, nous avons eu la chance d’entendre Madame Byttebier, échevine de la mobilité de la commune de Schaerbeek.

M. Alain Horvath a d’abord expliqué le fonctionnement des scan cars : il s’agit de véhicules qui se déplacent dans les rues et qui récoltent, pour chaque cellule de stationnement, une multitude de métadonnées (la position de la voiture, la zone dans laquelle on se situe, si le véhicule dispose ou non d’un droit de stationnement [un ticket valide ou une autre autorisation], …). La vérification de ce droit se fait grâce à un « middelware », une plateforme qui permet de connecter et d’accéder à plusieurs bases de données (la base de données des horodateurs et celle des paiements mobiles, par exemple).
Une analyse automatisée des données par la plateforme permet de déterminer si le véhicule dispose effectivement de ce droit. Dans l’affirmative, le constat est anonymisé et oublié. Si ce n’est pas le cas, ce dossier, composé de 9 photos de la voiture et de la plaque d’immatriculation scannée, est envoyé au « back-office » où il sera traité par un contrôleur humain. Celui-ci peut soit confirmer que ce véhicule n’a pas les droits requis et, dans ce cas, le dossier est envoyé au service de recouvrement. Une erreur peut également survenir : dans ce cas, le dossier est rejeté et envoyé aux oubliettes.

Si elle n’est pas infaillible, la scan car n’en demeure pas moins redoutablement efficace et fait grimper de manière spectaculaire le nombre de contrôles. Mais, aussi, le nombre d’erreurs. Une souvent commise par la scan car est par exemple de considérer que l’image de la plaque d’immatriculation apposée sur une porte de garage est en fait une voiture garée. À terme, la solution semble être de cadastrer l’ensemble des places de parking bruxelloises. Au lieu d’estimer, grâce à des caméras, si on se trouve bien face à une place de parking, chaque place disposera plutôt d’un identifiant unique et d’attributs, même temporaire (par exemple lors d’un déménagement).
Une autre problématique soulevée par M. Horvath est la non-digitalisation de certains droits, comme la carte PMR (carte permettant de stationner sur les places de parking handicapé). Cette carte n’est pas attribuée à un véhicule mais à un individu : il est impossible, à l’heure actuelle de faire un lien dans la base de données entre l’autorisation de stationner et le véhicule.

Enfin, dernière problématique relevée est celle relative aux bornes de recharges. Actuellement, il y a 200 places disponibles en Région bruxelloise et l’agence de stationnement travaille « en pédestre » : la seule manière, à l’heure actuelle, de savoir si une voiture est véritablement parquée pour se charger en électricité passe par la vérification d’un témoin vert (petite lumière Led) sur la borne de recharge. Cette option non automatisée ne sera toutefois bientôt plus envisageable puisqu’, à terme, 22.000 places sont prévues. Ce sera à la place elle-même de « donner » son statut et « d’informer » la Scan Car que la voiture garée est effectivement en train de charger et qu’elle ne doit pas être sanctionnée !

En résumé, la digitalisation permet de très belles performances mais il est nécessaire d’obtenir plus de précisions sur la situation de fait dans l’espace public !

Comme la Région bruxelloise, l’entreprise BePark constate que les villes et le monde du parking évoluent. Pour faciliter la vie des citoyens, BePark a estimé plus judicieux de proposer des locations d’emplacements de parking flexibles, grâce à des abonnements mensuels, voire à la journée.

L’objectif de fond de l’entreprise a touours été de digitaliser l’accès au parking : remplacer le badge et/ou la télécommande par un accès numérique, à travers une application. Cette digitalisation permet de mutualiser l’accès des parkings. Dans le cas d’une location en soirée/de nuit/de week-end, l’application permet d’interdire l’accès à certaines heures. Ce qui accroît la sécurité des parkings et permet d’en analyser l’usage réel.
BePark a aussi procédé au développement d’un logiciel de gestion complet du parking pour les entreprises et les administrations. Par exemple, la RTBF optimise ses places de parking en mettant à disposition une place de parking pour plusieurs collaborateurs.

L’un des défis à venir est d’élargir cette proposition aux voitures partagées, aux voitures électriques, aux vélos classiques, aux vélos cargos, et aux trottinettes. En Région bruxelloise, BePark a « digitalisé » 260 parkings, pour un total de 8.100 places de stationnements, lesquelles sont sous-louées à environ 10.000 utilisateurs (principalement des résidents au niveau local).

Trois projets de l’entreprise ont par ailleurs été couronné de succès : BePark a tout d’abord aidé plusieurs logements sociaux, lesquels disposent de nombreux parkings inutilisés mais pas des ressources nécessaireqs pour en gérer l’allocation, en mettant le solde inutilisé de leurs places de parkings à disposition des voisins directs.

Le deuxième exemple est la commune de Schaerbeek, où une politique de stationnement sévère et ambitieuse est à l’œuvre. À nouveau, une collaboration pro-active a eu lieu avec les logements sociaux mais aussi avec les propriétaires privés. En 7 ans, ils ont ainsi digitalisé 800 places de stationnement dans 30 localisations différentes. BePark est maintenant un sous-traitant de Parking.brussels afin de pousser cette dynamique de digitalisation et de partage auprès des acteurs publics. Le premier parking ouvert de cette manière est celui de l’école Comenius gérée par la VGC. Quarante places de parking ont été mises à disposition des riverains, ce qui a diminué d’autant la pression du stationnement en voirie.

BePark identifie 4 défis pour la Région bruxelloise. Tout d’abord, le retrait de 65.000 places en voirie d’ici 2030. Un état de fait qui impose de trouver des alternatives pour les résidents. On estime cependant à 45% le nombre de places non ou sous-utilisées hors voiries. Il faut discuter avec des copropriétés pour mettre à disposition des riverains ces places mais il y a des freins législatifs et légaux. On discute avec des développeurs immobiliers pour aménager dès le départ les parkings pour permettre le partage de manière optimale. L’objectif est de rendre le parking plus flexible : l’utilisateur reçoit une place garantie plutôt qu’une place définie.
BePark pointe aussi la montée de l’utilisation du vélo et des vélo-cargos et la recherche de solutions de stationnement adaptés. Autre défi : l’électrification des véhicules. Il faut prévoir de mettre des bornes de recharge hors voirie, à côté de son logement, car c’est là que la majorité des voitures seront rechargées. Enfin, BePark estime qu’il faudra accélérer la création et l’utilisation du Park&Ride, aussi appelés « « parkings de transit » ou « parkings de dissuasion » autour de Bruxelles.

Le COBRACE (Code Bruxellois de l’air, du climat et de la maîtrise de l’énergie) a pour but de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de maitriser la consommation énergétique. En matière de stationnement, l’objectif est de réduire le nombre de places de parking disponibles aux alentours des immeubles de bureaux afin de dissuader les travailleurs de prendre la voiture pour effectuer les déplacements domicile-travail. Ces places peuvent être transformées mais également ouvertes à la mobilité douce ou aux riverains grâce à la solution proposée par BePark.

La dernière intervenante était Madame Byttebier, échevine de la mobilité à la commune de Schaerbeek. La commune entend avoir un espace public de haute qualité et met donc en place une politique de stationnement très volontariste, qui doit se départager équitablement entre la voirie et l’hors voirie.

Depuis le 1er janvier 2020, la commune a décidé de mettre en place, simultanément, 3 changements importants : le transfert du contrôle de stationnement à parking.brussels (et non plus à Rauwers), la mise en zone verte de toute la commune (à quelques exceptions près) et la digitalisation de tous les paiements de stationnement (sms, application mobile, carte bancaire).
Ces changements ont suscité plusieurs incompréhensions dans le chef de la population. Pour ce qui est des zones bleues, par exemple, qui ne sont pas des zones gratuites mais des zones où seules les deux premières heures le sont. Il est par conséquent impératif d’améliorer la communication envers la population.

Grace aux scan cars, les contrôles ont par ailleurs fortement augmenté : sur une année, 6.678.978 voitures ont été contrôlées sur le territoire de la commune, avec environ 5% d’erreur. Une fois les redevances émises, on remarque que 12% d’entre elles sont annulées (bugs informatiques, renouvellement tardif de la carte riverain, erreur de steward…). L’important ici n’est pas tant le pourcentage mais plutôt le stress créé par cette redevance erronée auprès du citoyen. Effectuer un maximum de corrections et d’annulations avant l’envoi aux usagers est donc primordial. L’absence de contact avec un steward en rue ou la disparition de documents tangibles (ticket, redevance papier) est souvent déstabilisante, voire stressante, pour les citoyens. Beaucoup de confusion et d’incompréhension demeurent sur la manière d’obtenir sa carte de riverain et la dématérialisation de celle-ci augmente le nombre d’oublis et de régularisation à postériori. Pour les visiteurs de la commune, Madame Byttebier note que la transition a été plus aisée : la possibilité de payer le temps exact de son stationnement (en le commençant et en l’arrêtant à la minute près) a généralement diminué le prix du parking.

Les 3 recommandations finales sont :
  • Le gestionnaire technique de ce type de service se doit d’accompagner la digitalisation et l’augmentation des contrôles par une approche humaine renforcée ;
  • Le gestionnaire public de ces services doit bien garder à l’esprit que les contrôles de stationnement sont un moyen d’obtenir une meilleure allocation des ressources et un espace public de plus grande qualité, et non un objectif en soi ;
  • Il faut prendre au sérieux tant les efforts consentis par les automobilistes que leurs plaintes.
 
Administration(s) concernée(s)
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