En automne 2020, le réseau d'experts et de chercheurs The Real Urban Emissions (TRUE) a évalué les émissions de polluants atmosphériques de plusieurs milliers de véhicules circulant en Région de Bruxelles-Capitale. Simultanément, Bruxelles Environnement a réalisé des mesures de niveaux sonores aux passages de certains de ces véhicules, en situation d’accélération et de vitesse modérée dans le cadre de la campagne « Remote sensing ». Découvrez les constats intéressants établis par cette campagne de mesure innovante, une première à Bruxelles !
Jusqu’ici, le bruit routier était mesuré de manière globale au niveau de différentes stations de mesures de bruit. C’est là que la campagne « Remote sensing » change la donne et innove : le niveau de bruit maximum engendré par chaque passage de véhicule a été croisé avec sa vitesse, son accélération, le modèle, le type de véhicules et l’année de sa mise en circulation. Ces analyses ont permis d’établir plusieurs constats intéressants.
Il ressort tout d’abord de l’étude que le bruit émis par le trafic routier est la première source de pollution sonore en Région de Bruxelles-Capitale, exposant près de 64 % de la population à un niveau sonore moyen pour 24h supérieur à 55 dBA, niveau susceptible d’amener une gêne importante.
Depuis 2018, l’OMS recommande fortement de réduire les niveaux sonores produits par le trafic routier à moins de 53 dBA car un niveau sonore supérieur à cette valeur est associéà des effets néfastes sur la santé. Il est dès lors crucial de monitorer le bruit du trafic routier.
Les mesures de bruit ont été effectuées en sortie de rond-point (2 séries), en accélération et avec une vitesse modérée, à une distance de 5 m du passage des véhicules. Les analyses ont été réalisées sur le niveau sonore maximum mesuré de chaque passage.
Premier constat de cette étude : la diminution de vitesse est efficace pour réduire le bruit des véhicules à moins d’être sous les 30 km/h, vitesse à partir de laquelle l’accélération, et donc le comportement au volant, influence principalement le bruit produit. Le passage généralisé à la zone 30 en Région de Bruxelles-Capitale est donc justifié d’un point de vue des émissions sonores.
L’année de mise en circulation ou la norme Euro des véhicules roulant à Bruxelles n’a en revanche pas d’influence sur le bruit émis, tant par rapport au bruit de roulement (série 1) qu’au bruit issu du moteur (série 2). L’écart entre les différents niveaux médians par année de mise en circulation est au maximum de 1 dBA (imperceptible pour un auditeur). L’évolution des véhicules avec les années, certaine en ce qui concerne la réduction des émissions de polluants atmosphériques, ne va pas de pair avec une réduction des niveaux sonores.
Une analyse par catégories de véhicules montre aussi que les utilitaires et camionnettes (N1) ont des émissions similaires ou supérieures de 1 dBA par rapport aux voitures particulières (catégorie M1). Les motos (L3e) ont quant à elles un niveau de 3 à 4 dBA supérieur aux voitures, les camions de plus de 3,5 tonnes (N2 et N3) un niveau de 7 à 8 dBA supérieur. Parallèlement, l’évolution des niveaux sonores avec la puissance des véhicules ou avec leur masse à vide présente une augmentation. Les véhicules essence présentent eux des niveaux légèrement inférieurs aux véhicules diesel (autour de 1 dBA).
Des mesures supplémentaires seront nécessaires pour identifier des différences de niveaux émis pour les véhicules électriques, lesquels sont sous-représentés dans cette campagne de mesure. Cependant, les premières analyses mettent en avant des véhicules électriques sportifs plus bruyants que la moyenne des véhicules diesel ou essence.
Pour découvrir le résumé de l’étude :
art_20220111_bruitremotesensing_fr.pdf (environnement.brussels)
Pour découvrir le rapport complet de l’étude
« Evaluation de l’émission sonore des véhicules motorisés pris individuellement et circulant en Région de Bruxelles-Capitale » (rapport technique uniquement disponible en français)