Le 10 mai a eu lieu un nouveau « Smart Lunch » ! Pour la dixième fois, le Smart City Office de la Région bruxelloise a réuni, de manière virtuelle, les élus et les employés des pouvoirs locaux bruxellois afin de les inciter à rendre leur organisation davantage "smart". Trois orateurs nous ont fait l’honneur d’être présents. L’introduction théorique a d’abord été donnée par M. Nicolas Spilleboudt, Project Manager Green Mobility chez Sibelga. M. Alexandre Pirson, échevin de la Mobilité à Woluwe-Saint-Pierre, s’est chargé de la partie « expérience communale inspirante ». Les spectateurs ont enfin eu droit à une présentation du secteur privé (entreprise New Drive) donnée par Jeroen Veger sur le Smart Charging ! Plongeon dans ce dixième Smart Lunch !
Après l’introduction de M. Bernard Clerfayt, Ministre de la Transition numérique, Nicolas Spilleboudt, Green IT Manager chez Sibelga a débuté ce 10ème Smart Lunch en expliquant que, pour soutenir la transition vers des véhicules moins polluants, le Gouvernement bruxellois s’est engagé à déployer 11 000 bornes de recharge (avec deux points de charge) pour véhicules électriques accessibles au public à l’horizon 2035 : il s’agit du projet ChargyClick, qui a été confié à Sibelga (via Bruxelles Environnement et Bruxelles Mobilité). À ne pas confondre avec un autre projet, également confié à Sibelga, du nom de MobiClick, une centrale d’achat qui accompagne les pouvoirs publics dans la verdurisation de leur flotte d’utilitaires.
Mais quelles sont les caractéristiques des bornes de recharge que doit déployer Sibelga ? Elles doivent être multi-opérateurs avec un accès universel à tout utilisateur, fournies en électricité verte, financées par les utilisateurs de l’infrastructure (et non être un coût pour la communauté) et placées dans des lieux stratégiques. Sibelga est tenu dans le même temps de garantir, d’une part, la sécurité (risques électriques et d’incendie) et, d’autre part, l’utilisation intelligente du réseau de distribution (c’est-à-dire minimiser les coûts d’investissements dans le réseau en optimisant la consommation des utilisateurs).
Sibelga endosse cette mission de trois manières : en coordonnant le déploiement de la vision régionale (établie par la VUB) sur la base de critères qui définissent un certain nombre de bornes sur le territoire régional. Afin de garantir une certaine collégialité autour de ce projet, Sibelga va à la rencontre de chacun des gestionnaires de voirie, lesquels peuvent amender ce plan de déploiement et se l’approprier pour leurs besoins locaux. Le gestionnaire des réseaux de distribution d'électricité et de gaz naturel de la RBC confirme aussi la sélection des emplacements des bornes et s’occupe de l’organisation du marché public, de la rédaction du cahier des charges et de l’attribution des concessions. Enfin, il lui incombe la mission de CPO (Charging Point Operator) de dernier ressort, - devenir donc propriétaire des bornes de recharge -, mais cette mission n’est pas à l’ordre du jour puisque de multiples acteurs répondent positivement à l’appel.
Dans le plan de déploiement 2022, le maillage prévu permet de s’assurer qu’à tout moment les Bruxellois se trouveront à moins de 250 mètres d’une solution de recharge. Fin 2022, 90% des Bruxellois auront une borne à 250m de leur domicile. Pour réaliser ce plan, on prend en considération les bornes publiques existantes, les places de parking existantes et l’on se repose sur l’étude Sweco (étude socio-économique sur le déploiement du véhicule électrique à Bruxelles). Ont ainsi été exclus les quartiers dans lesquels se trouvent des maisons 3 et 4 façades puisque leur situation permet d’avoir une borne privée ainsi que les zones classées. Ces dernières, comme la Cité-jardin à Watermael-Boitsfort, ne seront plus un frein en 2023.
Pour réaliser ce plan de déploiement et offrir une couverture géographique la plus homogène possible, Sibelga est parti à la rencontre des communes afin qu’elles puissent valider les zones de déploiement. Le centre de ces zones peut par conséquent encore bouger d’une cinquantaine de mètres ; c’est ensuite qu’on réalise un piquetage. En 2022, sont aussi prévues pas moins 34 bornes pour les véhicules partagés.
Le plan de déploiement 2023 triplera le nombre de bornes : de 246, Sibelga passe au déploiement de 807 bornes (100 bornes pour taxis et véhicules partagés et 707 aux riverains). Au vu du nombre important de bornes, le rayon de couverture est inférieur et passe de 250 mètres à 150 mètres (95% de couverture).
Le critère de taux d’utilisation des bornes n’était pas retenu jusqu’à présent faute de données disponibles. En 2023, pour le plan de déploiement 2024, Sibelga pourra en revanche bénéficier de ses données de 2022. Sur cette base, le déploiement n’aura donc plus forcément comme but de garantir l’homogénéité mais bien de résoudre les problèmes de saturation d’utilisation.
À Woluwe-Saint-Pierre, la commune de notre second orateur, M. Alexandre Pirson, un projet de borne de recharge pour voitures électriques intégrée dans les poteaux d’éclairage public a été développé en collaboration avec Sibelga. Les habitants de la commune étant fortement dépendants de la voiture (60% des ménages disposent d’une voiture), - et tout en incitant ceux qui peuvent s’en passer à s’en passer, il apparaissait indispensable d’anticiper une demande (actuelle et future) forte. La commune constatait par ailleurs pas mal d’installations sauvages, lesquelles empêchaient parfois l’accès aux trottoirs.
Séduite par le concept britannique de borne de recharge pour voitures électriques intégrée dans les poteaux d’éclairage public, la commune a entamé une collaboration avec Sibelga (qui a testé le projet et sélectionné, avec la commune, l’opérateur) mais aussi CityDev. Un an et demi s’est écoulé entre la découverte de l’innovation et la mise en place de ce projet, d’ailleurs financé sur fonds propres.
En profitant du courant déjà présent dans les poteaux d’éclairage public pour y installer des dispositifs, le système offre de nombreux avantages financiers, spatiaux et esthétiques. Il est bon marché, facile à installer et moins intrusif qu’une borne classique. Pour utiliser cette technologie, les habitants doivent simplement s’inscrire par le biais d’une application ou d’un badge qu’on leur remet. Huit bornes de rechargement pour voitures électriques ont donc été installées principalement là où les gens ne disposent pas de garages, comme dans le centre et dans le quartier Montgomery.
Selon le mandataire wolusanpétrusien, le rôle d’une commune est de mener des projets-pilotes et, avec l’aide de Sibelga, Woluwe-Saint-Pierre espère inspirer d’autres communes. L’objectif de la commune est d’ailleurs d’arriver, avant fin 2022, à 46 bornes (x 2 points de charges) supplémentaires, soit une borne dans un rayon de 250 mètres de chaque domicile, conformément au plan régional.
La commune entend installer un nouveau système d’éclairage sur le Parvis Sainte-Alix et le coupler à l’installation de bornes supplémentaires. Dans les mois à venir, la commune compte aussi davantage travailler sur les bornes de rechargement pour véhicules partagés et inciter à l’utilisation de ces derniers auprès de la population.
Enfin, notre dernier orateur, Jeroen Veger, s’est concentré sur la définition du smart charging, un terme générique qui désigne toutes les technologies visant à optimiser la charge, voire la décharge, d’un véhicule électrique (VE), en gérant la puissance de recharge du véhicule de façon efficace, flexible et économique. C’est l’échange d’informations entre la borne de recharge et le réseau électrique qui permettra d’adapter la source d’énergie utilisée pour la charge en fonction de la situation.
La recharge intelligente connecte en réalité les bornes de recharge aux utilisateurs et aux opérateurs. Chaque fois qu'un véhicule électrique est branché, la borne de recharge envoie des informations (temps de charge, vitesse, etc.) par Wi-Fi ou Bluetooth à une plateforme de gestion centralisée basée sur le cloud. Des données supplémentaires peuvent également être envoyées. Il peut s'agir, par exemple, d'informations sur la capacité du réseau local et sur la façon dont l'énergie est actuellement utilisée sur le site de recharge (maison, immeuble de bureaux, supermarché, etc.). La masse de données est automatiquement analysée et visualisée en temps réel.
Les systèmes de smart charging ouvrent, d’après le spécialiste, de nouvelles perspectives pour les utilisateurs de véhicules électriques, mais aussi pour les entreprises, le réseau électrique et la transition énergétique en général. Car de nombreuses sources d’énergie éolienne et solaire, lesquelles sont de plus en plus disponibles, peuvent également être utilisées pour recharger intelligemment. Le stockage de l’énergie éolienne et solaire, puis sa réintégration dans le réseau, nous permettra de l’utiliser de manière intelligente.
V1G, V2G, et V2B/V2H/V2X sont tous des éléments de la recharge intelligente. La « V1G » offre aux utilisateurs la capacité de recharger leurs véhicules aux meilleurs moments. L’autonomie des batteries actuelles n’exigeant pas un cycle complet de recharge quotidien, celle-ci peut donc être optimisée pour profiter de tarifs avantageux durant le weekend, auto-consommer des excédents de production photovoltaïque au milieu de la journée du dimanche ou bien attendre le milieu de nuit de tel ou tel jour quand il y aura trop de production éolienne.
La « V2X » (vehicle-to-everything) vise à exploiter ces mêmes batteries en permettant également, aux meilleurs moments, une réinjection dans les réseaux de l’énergie stockée. Un véhicule électrique constitue en fait un réservoir important d’énergie inutilisé 95 % du temps pouvant permettre, à l’échelle d’une maison, d’alimenter les besoins d’un ménage pendant plusieurs jours et, à l’échelle du système électrique, de démultiplier les capacités existantes de stockage d’électricité sur quelques jours.
Ce nouvel « actif » peut être exploité et valorisé sous réserve de pouvoir réinjecter l’énergie en aval du compteur dans une maison ou un bâtiment (V2H [vehicle to home] ou V2B [vehicle-to-building]) ou dans les réseaux publics d’électricité (V2G [vehicle-to-grid (du véhicule vers le réseau électrique)]) pour fournir des services au système électrique.
Concrètement, les opérateurs de charge peuvent doc contrôler et réguler la consommation d'énergie facilement et à distance par le biais d'une plateforme, d'un site web ou d'une application mobile. Riche en fonctionnalités, certaines apps permettent entre autres aux propriétaires de véhicules électriques de vérifier l’état de leur véhicule (autonomie actuelle, état de charge de la batterie) et de programmer les moments de recharge de leur voiture sur la base des prix de l’électricité.
Envie d’assister aux prochains Smart Lunches ?
Tanguy de Lestré, Manager ad interim du Smart City Office de la Région de Bruxelles-Capitale se tient à votre disposition pour toute question.